Laura Waddington

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Cinémas d´Avant-Garde

Par Nicole Brenez

pp. 51–2

Anticiper ou accompagner les luttes politiques

Partout où il y eut répression, il y eut résistance en images et en son, parfois au péril de la vie des cinéastes (et critiques de films), comme ce fut le cas tragique de Raymundo Gleyzer, Michèle Ray ou Michèle Firk, abattus ou assassinés pour leurs idées et leurs idéaux. Remarquables aussi sont aujourd’hui les cinéastes accompagnant les opprimés sans aucune organisation politique pour les soutenir, à la manière de Laura Waddington filmant aux côtés des clandestins, Jean-Gabriel Leynaud ou Jérôme Schlomoff et François Bon aux côtés des sans-abris. Un préjugé (bien utile pour refuser de prendre une œuvre en considération) voudrait que le cinéma engagé pris dans les urgences matérielles de l’Histoire, reste indifférent aux questions plastiques. Il s’agit là d’une conception piteusement décorative des exigences formelles, puisque le cinéma d’intervention au contraire n’existe qu’à se poser les questions cinématographiques fondamentales ; pourquoi faire une image, laquelle et comment ? Avec et pour qui ? Soit l’image d’un évènement (la mort d’un homme, une guerre, un massacre, une lutte, une rencontre…) comment la montrer dans quel contexte la mettre en perspective ? À quelles autres images s’oppose-t-elle ? Au regard de l’Histoire, quelles sont les images manquantes et quelles seront les images indispensables ? À qui donner la parole, comment la prendre si on vous refuse ? Pourquoi, où autrement dit quelle histoire voulons-nous ?

Source

Brenez, Nicole. Cinémas d’avant-garde. Paris: Cahiers du Cinéma/Les Petits Cahiers, 2006: pp. 51–2, 91. (Brief mention.)

(An English translation Avant-garde Cinemas is also available on Laura Waddington’s website. This book only contains brief mention of Laura Waddington’s work.)

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